Ashtânga Vinyasa Yoga
Origines religieuses : Hindouisme
Origines géographiques : Inde
Fondateur : Sri K. Pattabhi Jois
Développement : Depuis le début du xx siècle
Particularités : Vinyasa, respiration en Ujjayî, coordonne respiration et mouvement, approche physiquement intense.
Lignée : Sri T Krishnamacharia
Écoles liées : B.K.S. Iyengar Puna, Vini Yoga, Kausthub T.K.V. Desikachar, Madras
Ashtânga Vinyasa Yoga
Ecole de yoga physique et dynamique développée par Shrî K. Pattabhi Jois, qui a fortement contribué à l’expansion du yoga en général dans le monde. Cette école repose sur le principe de l’ashtānga-yoga exposé par Patanjali dans les Yoga-Sûtra. Cependant il ne faut pas confondre l’ashtānga-yoga de Patanjali auxquels se réfèrent toutes les formes de yoga et l’Ashtānga Vinyasa Yoga de Shrî K. Pattabhi Jois, qui est une des très nombreuses écoles de yoga.
Définition :
Ashtânga, « à huit membres » de ashtau, « huit », et anga, « membres ».
Vinyasa : « synchronisation du mouvement sur la respiration ».
Yoga : de la racine yuj, « union ».
Histoire :
L’origine de ce système comporte une part de mystère : un manuscrit écrit par le sage Vamana Rishi intitulé « Yoga Korunta« . Selon les versions, le manuscrit fut redécouvert par Shrî Krishnamacharia et Shrî K.Pattabhi Jois dans la bibliothèque de Mysore. Ou bien transmis par voix orale du guru Rama Mohan Brahmachari à Krishnamacharia qui le transmis ensuite à Pattabhi Jois. Leurs enseignements se sont basés sur ce texte qui comporterait la description de séries d’asanas comptées sur la respiration, de techniques avancées ainsi que d’un commentaire des Yoga Sutra par Vyasa.
L’enseignement dispensé par B.K.S. Iyengar et Pattabhi Jois s’inscrit dans la tradition initiée par leur maître Sri Krishnamacharia dans les années 1930 à Mysore, quand ils étaient tous les deux de jeunes hommes. Cet enseignement, personnalisé pour chaque étudiant a marqué leurs styles en ce qu’ils reflètent une forme dynamique de yoga postural approprié à de jeunes constitutions.
Sri K. Pattabhi Jois développa l’ashtānga vinyasa yoga à partir du manuscrit « Yoga Korunta » et l’enseigna à Mysore en Inde jusqu’à son décès en 2009, à l’âge de 93 ans. Il a grandement contribué à la propagation de l’ashtānga yoga à travers le monde et notamment en occident. Désormais son petit-fils Sharath dirige l’école de Mysore et nombre de ses étudiants majeurs (David Williams, Richard Freeman, Lino Miele, …) continuent de dispenser ses enseignements. Dû à sa dynamique, l’ashtānga a connu des dérives ne le considérant que comme une gymnastique, tels que le Power-Yoga. Il reste néanmoins une école de yoga, profondément ancrée dans la tradition qui ne saurait se réduire au seul exercice physique contenu dans les asanas . D’autres étudiants se sont séparés de la pure tradition de l’ashtānga pour créer leur système propre, c’est ainsi qu’est apparu le Vinyasa Yoga, qui abandonne la structure des six séries mais garde le principe de fluidité du vinyasa.
Principes :
Yoga-Sûtra II.29 : L’ashtānga-yoga ou les huit membres du yoga
yama : les règles de vie dans la relation aux autres
niyama : les règles de vie dans la relation avec soi-même
âsana : la posture
prāṇāyāma : la respiration
pratyâhâra : l’écoute sensorielle intérieure
dhâranâ : le pouvoir de concentration
dhyâna : la méditation
Samâdhi : l’état d’unité » (trad. Françoise Mazet)
Les huit voies où membres de l’ashtānga-yoga doivent être suivies dans l’ordre. Cependant elles se renforcent mutuellement. Ainsi, la pratique des asanas renforce le respect des yama (éthique) et niyama (auto purification et étude), qui à leur tour permettent un progrès dans les asanas ce qui provoque un cercle vertueux.
En pratiquant les poses, l’étudiant porte sa concentration sur un objet de plus en plus subtil, au stade des asanas correspondent les mouvements du corps dans l’espace, puis de l’air dans le système respiratoire, puis de l’énergie vitale subtile (prâna), c’est alors le pranayama. C’est ainsi qu’il atteint les membres « internes » de l’ashtânga (Pratyâhâra, Dhâranâ, Dhyâna, Samâdhi). Spéculer sur la nature de ces états n’est cependant pas nécessaire au pratiquant, les membres internes résultant d’une pratique correcte, ainsi Pattabhi Jois disait « 99 % de pratique, 1 % de théorie ».
Pratique :
Pattabhi Jois n’eut de cesse de rappeler l’importance d’une pratique régulière : «Pratiquez, pratiquez, pratiquez et tout viendra ».Un ashtangi dévoué pratique six jours par semaine, excepté les jours de pleine lune ou de lune nouvelle.
Série :
L’enseignement principal repose sur des séries dynamiques d’asanas . On en compte six:
les séries primaires (ou yoga Chikitsa: yoga thérapeutique),
les séries intermédiaires (Nadi Shodana: purification des canaux)
et quatre séries avancées (de A à D).
Dans une série, le séquencement des poses révèle un principe de préparation, soit d’une pose vers une pose plus complexe, ainsi que le système des contre-poses, qui neutralise la colonne vertébrale.
Ces séries sont constituées d’une cinquantaine de poses effectuées en séquence toujours identiques. Quelle que soit la série, la pratique commence par les salutations au soleil et les poses debout. Elle se termine par une séquence de poses finales. Seule diffère la série à proprement parler (primaires, intermédiaires, avancées A, B, C, D) pratiquée entre les poses debout et les poses finales.
Ajoutons que le style traditionnel, nommé Mysore, repose sur un enseignement personnalisé. Le professeur adapte la série en fonction de la condition de l’étudiant, en ajoutant des exercices, en enlevant ou modifiant certaines poses… Lors d’une classe style Mysore, chaque étudiant évolue à son propre rythme à travers la séquence qui lui est assignée.
Vinyasa :
Ce terme signifie « synchronisation du mouvement avec la respiration ». Toutes les poses de l’ashtânga (environ 50 poses sur 1 heure et demie) sont liées par des transitions au cours desquelles chaque mouvement est synchronisé sur une inspiration ou une expiration. Chaque pose est tenue pour un certain nombre de respirations, en général cinq. La pratique est accompagné de l’usage des bandha (« serrure » ou « verrou ») ainsi que de la maîtrise des points de regards (drishti : « vision », « fait de voir »). Enfin, il faut insister sur le fait que la respiration est la clé du yoga et doit être le premier pilier de la pratique.
La pratique de l’ashtânga yoga s’ancre sur ces trois principes clés :
âsana,
prânâyâma,
drishti qui forment le tristana.
L’exercice du vinyasa provoque une élévation de la température interne du corps et ainsi la transpiration. Cette transpiration purifie l’intérieur du corps en évacuant les toxines.
Respiration Ujjayî :
La respiration ujjayî, « respiration victorieuse », se fait uniquement par le nez, avec une contraction de la gorge permettant de doser l’air inspiré et expiré afin d’obtenir un temps d’inspiration égal a l’expiration. L’application des bandha optimisent la prise d’air par les poumons. La pratique d’ujjayî produit un son comme le bourdonnement d’une abeille, et elle contribue à élever la chaleur du corps.
Bandha :
Les bandha (que l’on peut traduire par « verrou » et qui signifient « contractions musculaires ») sont au nombre de trois. Ils sont utilisés de façon quasi permanente lors de la pratique des âsana (postures) et utilisés en harmonie avec le prânâyâma (discipline de la respiration). Ils permettent alors de libérer l’énergie (prâna) du corps. Parfaitement maitrisés, les contractions musculaires deviennent subtiles. Ils ont la réputation de percer les granthis, points de blocage émotionnels et psychiques. À l’aide des bandha, les mouvements viennent de l’intérieur du corps et permettent d’effectuer les poses avec grâce et légèreté. De bas en haut du corps, les trois bandha sont décomposés comme suit :
Mula-bandha
Le mula-bandha (contraction de la racine) est déclenché en contractant le muscle situé entre l’anus et le périnée. Il permet alors de constituer une assise solide du corps et de soutenir fermement les organes internes. Il bloque l’énergie à la base du corps et permettra ainsi au prâna de se diriger vers le haut du corps grâce à l’utilisation des deux autres bandha.
Uddiyana-bandha
Uddiyana signifie « s’envoler vers le haut ». Concrètement il est exercé par une contraction des muscles de l’abdomen. Ce n’est pas un durcissement des muscles abdominaux mais, plus simplement, il s’agit de rentrer le ventre en contractant tous les muscles de l’abdomen. Il permet de bloquer tous les organes internes et est indispensable pour effectuer une respiration ujjayî correcte. Le ventre ainsi solidifié permet un mouvement ample des poumons. Ce bandha permet également d’amener le flux d’énergie plus haut dans le corps. Ce bandha facilite la concentration de toute la force au centre du corps et une maîtrise parfaite de ce bandha est indispensable à une pratique correcte du yoga. Si ce bandha est mal utilisé, ce sera au reste du corps de forcer afin d’effectuer les asanas. La force utilisée lors de la pratique de l’ashtânga ne doit pas venir de l’extérieur (muscles des bras, épaules …) mais de la maîtrise de ce bandha. Enfin, on peut ajouter que ce bandha est particulièrement important pour protéger les organes internes lors de certaines poses (de torsion par exemple).
Jâlandhara-bhanda
Ce bandha est un exercice de pression du menton, soit dans le creux de la gorge, soit environ 8 cm plus bas, sur la poitrine. Il est principalement utilisé en prânâyâma et apparaît aussi dans certaines asanas. Il permet d’empêcher l’énergie prânique de s’échapper et que la pression monte à la tête.
Drishti :
Ce sont les points de fixation du regard. À chaque pose, un point de regard est associé. Le respect de ces points de regard centre l’esprit et favorise ainsi une meilleure concentration. Ils sont particulièrement importants pour le développement d’autres aspects du yoga tel que dhâranâ (concentration) et dhyâna (méditation). Enfin la bonne application des drishti permet de bien aligner le corps lors de chaque position.
Les drishti sont au nombre de neuf :
nâsâgra-drishti : pointe du nez
angusta-ma-dyai-drishti : pouces
broomadhya-drishti : troisième œil
nâbhi-chakra-drishti : nombril
ûrdhva-drishti : vers en haut (ciel)
hasta-drishti : main
pāda-drishti : orteils
parsva-drishti : au loin à gauche
parsva-drishti : au loin à droite
Mantra :
Un mantra est une formule d’invocation sacré. Chaque pratique d’ashtânga-yoga est ouverte par la récitation du mantra sanskrit suivant:
Om
Vande gurunam charanaravinde
Sandarshita svatmasukhavabodhe
Nishreyase jangalikayamane
Samsara halahala mohasantyai
Abahu purusharakam
Shankhachakrasi dharinam
Sahasra sirasam svetam
Pranamami patanjalim
Om
Om
Je prie aux pieds de lotus du maître suprême
Qui enseigne la connaissance, éveillant l’immense bonheur de la révélation à soi-même
Qui agit tel le physicien de la jungle
Capable de dissiper les illusions du poison d’une existence conditionnée
Devant Patañjali, incarnation d’Adisesa, blanc de couleur et aux mille visages radieux (sous sa forme du serpent divin Ananta), à forme humaine sous les épaules, portant le glaive de la discrimination, une roue de feu symbolisant l’éternité et la conque représentant le son divin
Je me prosterne
Om
Et chaque pratique se clôt par ce mantra:
Om
Swastipraja byah pari pala yantam
Nyayena margena mahimahishah
Gobramanebhyah shubamastu niyam
Lokaasamastha sukhinobhavanthu
Om shanti shanti shanti
Om
Que la prospérité soit glorifiée
Que les dirigeants de ce monde gouvernent avec justice
Que toutes les choses sacrées soient protégées
Et que tous les hommes de la terre soient heureux et prospères
Om paix paix paix
Je vous conseille de regarder le film « le souffle des dieux » consacré à l’histoire du yoga moderne, avec les témoignages de Shrî K.Pattabhi Jois et BKS Iyengar.
Ci dessous retrouvez la première série avec Shrî K. Pattabhi Jois.